Intervention de Thomas Portes

Réunion du mardi 10 janvier 2023 à 17h05
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Portes :

Comme le dit l'Observatoire international des prisons, vous ne proposez « rien de nouveau pour réduire la surpopulation carcérale, malgré la grave crise pénitentiaire que rencontre actuellement le pays ».

La généralisation du port des caméras-piétons pour les surveillants de prison est-elle votre solution, monsieur le ministre, pour lutter contre les difficultés de recrutement ? Je vous ai interpellé par un courrier le mois dernier, après ma visite au centre de détention d'Eysses dans le Lot-et-Garonne. Je n'ai entendu aucun gardien demander des caméras-piétons. Ils sont, en revanche, préoccupés par le manque d'effectifs, la réforme des retraites ou la revalorisation des salaires. Beaucoup d'entre eux dépassent largement les plafonds d'heures travaillées, parfois jusqu'à 150 ou 250 heures au cours d'un trimestre. Ils se retrouvent – pour reprendre les mots de la directrice – à travailler gratuitement pour permettre à l'institution de continuer à fonctionner. Vous préférez fermer les yeux sur cette réalité.

Alors que vous n'arrivez pas à recruter et que les départs d'agents sont massifs, vous envisagez la construction de 15 000 nouvelles places de prison.

Vous n'avez pas non plus évoqué le recrutement des conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation, qui connaissent les mêmes difficultés et qui sont également en souffrance.

Vos annonces constituent un nouveau pas vers la maltraitance institutionnelle. L'état de nos prisons, comme l'a rappelé mon collègue Bernalicis, est la conséquence de notre politique pénale, qui pénalise de plus en plus de comportements, renforce les procédures de jugement rapide comme la comparution immédiate, laquelle aboutit, dans 70 % des cas, à de l'enfermement et allonge la durée des peines.

Aujourd'hui, 2 133 détenus dorment sur des matelas au sol. Une telle situation est inacceptable. Nous n'avons pas besoin de plus de places de prison, ni de plus de surveillance, mais de mettre fin à cette politique de surenchère pénale. Nous devons adopter une logique de déflation, qui se traduira par une déflation carcérale et qui permettra aux agents d'effectuer leur travail correctement.

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