Intervention de Général Vincent Breton

Réunion du mercredi 30 novembre 2022 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Vincent Breton, directeur du centre interarmées de concepts, doctrines et expérimentations (CICDE) :

Les Ukrainiens n'ont aucune capacité nationale en matière spatiale, mais ils bénéficient pleinement du potentiel occidental dans ce domaine, y compris civil. S'agissant de l'observation, ils font largement usage de l'imagerie privée et bénéficient d'un soutien massif du renseignement militaire occidental. Cela contribue à la transparence du champ de bataille. S'agissant des communications, et donc de la transmission des ordres en matière de ciblage, ils utilisent beaucoup internet, y compris l'internet spatial, grâce notamment à la constellation Starlink.

Les Russes auraient peut-être la capacité de neutraliser certains satellites occidentaux, tant civils que militaires, mais ils ne l'ont pas fait, en raison du risque d'escalade. L'espace joue un rôle fondamental dans cette guerre, mais il n'est pas un théâtre d'opérations. En revanche, des cyberattaques russes visant des opérateurs privés de télécommunications ont tout de même perturbé les réseaux au début de la guerre, et les Russes brouillent massivement le signal GPS, ce qui affecte aussi leurs propres capacités de géolocalisation.

Les armées françaises ont déjà acheté beaucoup de drones commerciaux, Monsieur Jacobelli. Les forces spéciales ont été les premières à le faire, suivies par l'ensemble des forces. Nous avons par exemple des drones du français Parrot, qui fournit également l'armée américaine. Nous avons donc pris ce virage, mais nous nous interdisons de bricoler des drones pour leur faire emporter des charges explosives – ce que Daech avait déjà fait et qui avait occasionné des pertes au sein de notre coalition, en Syrie et en Irak.

Madame Thillaye, nous avons rédigé une fiche complète sur le retour d'expérience de la guerre en Ukraine et l'avons communiquée tant à l'Otan qu'à l'Union européenne. Nos partenaires ont été ravis car la France a été la première à le faire. Cela pourra continuer de nourrir les réflexions sur la Boussole stratégique, qui devrait être mise à jour après ces huit premiers mois de guerre.

Monsieur Blanchet, l'hiver n'est pas forcément un problème d'un point de vue tactique. On se déplace beaucoup plus facilement sur le gel que dans la boue de la raspoutitsa en avril et en mai, notamment avec des blindés. Les soldats sont assez insensibles aux problèmes d'alimentation électrique. Il n'en est pas de même des civils.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion