Intervention de Félicie Gérard

Séance en hémicycle du lundi 9 janvier 2023 à 16h00
Réforme de la voie professionnelle

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFélicie Gérard, professeure des universités et directrice du Certop :

L'une des difficultés du lycée professionnel est qu'il manque de temps. Au fil des ans, la formation est passée de quatre à trois ans. Comme la première année est consacrée à la découverte des métiers, et la dernière à se préparer à l'enseignement supérieur ou à l'insertion professionnelle, il reste très peu de temps pour former les élèves à ce qui me semble constituer le socle du lycée professionnel : le métier. Historiquement, le métier a toujours été l'outil d'émancipation des classes populaires. Ces jeunes ont besoin d'un métier, et pas seulement d'un emploi – c'est très important.

Le numérique peut constituer une piste intéressante pour les filles, mais je trouve dommageable que celles qui s'engagent dans les filières de la carrosserie, de l'automobile et du bâtiment soient encore considérées comme des pionnières, soixante-dix ans après l'arrivée des premières apprenties ou élèves féminines en lycée professionnel dans ces secteurs. Parmi les quelque 3 000 élèves que nous avons suivis, une unique jeune fille a obtenu un contrat dans la carrosserie, après avoir contacté plus de cinquante entreprises. Elle a tenu trois semaines avant de rompre son contrat. La plupart des employeurs qu'elle a sollicités lui ont répondu qu'ils l'auraient volontiers embauchée si la loi ne les obligeait pas à aménager un vestiaire spécifique pour les femmes : ces petites entreprises ne pouvaient pas se le permettre. Nous en sommes encore là. Si le numérique peut offrir des voies aux filles, il faut aussi renforcer leur insertion dans les secteurs existants.

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