Intervention de Nadège Abomangoli

Réunion du mardi 8 novembre 2022 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNadège Abomangoli :

Depuis des années, on nous vante une supposée relation privilégiée du couple franco-allemand, faite de respect mutuel et qui serait le véritable socle du projet européen. La semaine dernière, vous-même affirmiez que ce couple était le moteur essentiel de la construction européenne, allant même jusqu'à évoquer une relation solide. Du côté du président Macron, on évoque, plus pudiquement, des discussions constructives à l'occasion de sporadiques rencontres avec son homologue.

Ces sourires de façade suscitent de légitimes interrogations sur ce couple très libre. Notre déficit avec notre principal partenaire commercial est en hausse : atteignant 12,4 milliards d'euros, il s'est creusé de 1,5 milliard en une année. Non content de cet avantage commercial, notre bon voisin refuse de discuter d'un plafonnement des prix du gaz alors que la majorité des pays européens y sont favorables. Les économies sont exsangues et pourtant l'Allemagne dicte sa loi. Et je ne parle pas de ses retournements dans le domaine militaire. Un à un, notre voisin quitte les programmes de défense communs et investit massivement du côté des États-Unis, préférant ainsi commander quarante-cinq avions F-18 de Boeing pour 9 milliards d'euros environ afin de remplacer sa flotte vieillissante et, six mois plus tard, trente-huit Typhoon d'Eurofighter pour 5 milliards. C'est certes une victoire pour l'industrie allemande, majoritaire dans le consortium d'Eurofighter, mais la Suisse a remporté à son tour en 2021 un contrat pour trente-huit avions de chasse supplémentaires.

Quels bénéfices tirer de cette relation à sens unique et à géométrie variable ? Comment espérer un changement de l'état d'esprit allemand dans les mois à venir ?

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