Intervention de Nathalie Oziol

Réunion du mardi 8 novembre 2022 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNathalie Oziol :

Voilà plusieurs mois que la France affiche des déficits records, que l'on n'avait pas même connus lors des précédents chocs pétroliers. L'explosion des prix de l'énergie a pesé lourd dans le solde négatif de 139 milliards de la balance commerciale. Le déficit des échanges de biens intermédiaires – dont l'économie française est très dépendante – a également doublé depuis la fin 2020, pour culminer à 3 milliards par mois.

Nous payons un système économique hyper-dépendant des énergies carbonées et un recul industriel qui affaiblit notre économie, saborde notre souveraineté et retarde la nécessaire bifurcation écologique. Nous faisons également les frais des accords de libre-échange instaurés par l'OMC, l'Union européenne et les traités internationaux. Les gouvernements ont engagé une course à la compétitivité. Or faire baisser les prix a toujours un coût : celui de la baisse des salaires, à grands coups d'exonérations de cotisations sociales. Ainsi s'appauvrissent les travailleuses et les travailleurs, tandis que l'inflation rend même les pâtes inaccessibles. Les actionnaires des grandes entreprises, eux, vivent plutôt bien cette période d'inflation, avec des marges qui dépassent 35 % ; du jamais-vu depuis 1949.

Tôt ou tard, il faudra accepter que le système capitaliste, qui épuise les ressources naturelles et humaines, est en déclin. Le Gouvernement semble y voir une issue abominable qu'il faut repousser ; pour notre part, nous y voyons une opportunité et un défi. Nous avions des amendements à proposer au cours de la discussion budgétaire pour changer de cap et passer du productivisme à la bifurcation écologique mais nous avons été empêchés de poursuivre le débat par quatre fois.

La France peut et doit être précurseure d'une nouvelle organisation économique et sociale dans le monde. Il est temps de rétablir un État stratège qui relocalise l'industrie, d'investir 200 milliards d'euros dans la bifurcation écologique, de sortir des traités de libre-échange et d'instituer un protectionnisme solidaire et écologique.

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