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Motion de censure


Les interventions d'Alexis Corbière


Les amendements de Alexis Corbière pour ce dossier

29 interventions trouvées.

Je vais me livrer à un exercice dont je mesure pleinement le paradoxe : convaincre des députés élus, réunis ici en assemblée, de conserver tous leurs pouvoirs.

Je plaide pour que Mme la Première ministre qui, dois-je le rappeler, n'a pas été élue à cette fonction mais doit seulement sa place au fait qu'elle a été désignée par le Président de la République ,…

…ne puisse retirer à notre assemblée le droit de pouvoir discuter, débattre et améliorer le projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Quelles que soient vos convictions, quel que soit le programme sur lequel vous avez été élu, quel que soit le mandat que vous ont donné vos électeurs, exercez votre pouvoir, n'y renoncez jamais !

C'est le mandat que vous a confié le peuple, ne le déléguez pas ; c'est un trésor républicain ! Ou alors, cédez la place.

Le porte-parole du Gouvernement – donc le vôtre, madame la Première ministre – a déclaré hier dans Le Journal du dimanche, comme pour nous mettre au pas, que « nous avons besoin d'un budget solide ». Mais qu'y a-t-il de plus solide qu'un budget débattu par les députés ?

Qui décide de ce qu'est un budget solide ? Qui est plus qualifié que la représentation nationale pour savoir si un budget est solide ?

D'où vient cette culture ? Faut-il y voir la tentation de l'épistocratie, selon laquelle le pouvoir doit être seulement détenu par ceux qui savent ? Nous, ici, nous ne saurions donc pas ce qu'est un budget solide ?

Le porte-parole a continué en disant que l'hémicycle est devenu une arène, le royaume de la posture et de la punchline.

Bruno Le Maire avait pourtant dit l'inverse : s'adressant ces derniers jours à notre collègue Coquerel, il l'avait félicité car le débat était de qualité. Qui croire ? Un ministre des finances présent lors des débats ou un porte-parole du Gouvernement qui se limite à des punchlines et à des arguments futiles ?

…et la parole de vos oppositions n'est pas celle d'une bête féroce que vous devez dompter à coups de fouet, en utilisant les articles les plus autoritaires de la Constitution de la Ve République.

Apprenez que ceux qui s'opposent à vous et à votre politique ne sont ni dans la posture ni dans la punchline, mais qu'ils sont animés par ce qui vous fait défaut : des convictions et des principes.

Nous devons avoir le pouvoir de vous critiquer sans être perpétuellement méprisés et caricaturés. Dois-je vous rappeler que selon un récent sondage, pas plus de 34 % des Français vous soutiennent ? Alors un peu de modestie !

Prenez garde à vos propos persifleurs qui ne cachent qu'une chose : depuis le mois de juin, vous êtes minoritaires à l'Assemblée nationale.

Oui, minoritaires ! Pris dans cette culture que je qualifie d'antiparlementaire, le porte-parole du Gouvernement a même annoncé qu'il n'excluait pas d'utiliser le 49.3 pour imposer une réforme des retraites ; c'est irresponsable.

Le même porte-parole a déclaré qu'au blocage, vous répondez Constitution. Décidément, entre le Parlement et nous, il existe une chose que vous oubliez : la volonté du peuple. Pour la contourner, vous utilisez désormais ce qui constitue selon nous l'un des aspects les plus autoritaires de la Constitution : l'article 49, alinéa 3.

Je dois dire que la convocation de la Constitution ne nous impressionne pas ; nous connaissons l'histoire de la Constitution de 1958, imposée dans un moment de quasi-guerre civile, sous la menace d'un coup d'État militaire.

C'est la raison pour laquelle nous plaidons depuis longtemps pour une VIe République. Nous restons fidèles à la longue liste de ceux qui ont critiqué, dès le début, la Ve République, au nom de la République. Je citerai Pierre Mendès France. Je pourrais prendre un autre exemple, mais je fais ce choix car...

Loin de la hauteur de Pierre Mendès France, vous exaltez ce qu'il y a de plus autoritaire et de plus inquiétant dans cette Ve République ; vous vous félicitez que les pouvoirs du Parlement soient limités. Je le dis en particulier aux députés du Rassemblement national : plus que jamais, il est temps de défendre la mémoire d...

J'en reviens à la Ve République, dont le fondateur était clair : il ne biaisait pas et voulait un parlementarisme rationalisé pour éviter les dérives du parlementarisme absolu. Avouons-le : en 2022, ce sont plutôt les dérives du présidentialisme absolu qu'il s'agirait de combattre !